Une semaine seulement…

L’instant présent n’a jamais duré aussi longtemps. Ces derniers jours m’ont paru une éternité. Et pourtant, loin d’être monotones, les journées sont rythmées par les humeurs changeantes de chacun.  Des colères irrationnelles des enfants, à leur fou rire l’instant d’après. La seule qui reste fidèle à elle-même, c’est Sushi, notre chatte. Ce confinement, elle le vit plutôt bien. Et il y a ces questions. Des questions, on s’en posait déjà beaucoup et des réponses on n’en avait déjà que très peu, avant. Cette situation irréelle extrapole tout. Elle donnera forcément beaucoup de réponses à nos questions antérieures, disons que ça sera déjà ça de gagné.

On nous dit partout qu’il faut prendre ce temps pour vivre au jour le jour, se recentrer sur sa famille, faire des choses. Arrêtez ça! De nous rabâcher de prendre ce temps pour nous. Cette situation est sclérosante. Et puis faire des choses pour soi, j’en faisais déjà avant et j’étais libre. Cet enfermement, même si nécessaire pour sauver des vies, qu’il est pesant. Cette promiscuité va vite être invivable. Personne n’est fait pour vivre enfermé avec les mêmes personnes, quand bien même ce serait cet être aimé que vous avez choisi comme partenaire jusqu’au bout de la vie. Si ? Moi qui me disais résiliente, si j’avais su. Arrêtez, de nous assommez avec vos citations qui ne servent qu’à essayer de donner une signification à une situation qui n’en a pas.

Quelle situation irréelle. J’ai beau la vivre, je n’arrive toujours pas à réaliser ce qu’il se passe. Un mauvais film américain, qu’on regarde quand on passe un dimanche après-midi de loose l’hiver. Ce genre de film avec des astéroïdes qui vont détruire la Terre, où on s’est tous dit : « Si j’étais à la place de ces gens qu’est ce je ferais ?», juste pour la forme, sans jamais se dire qu’on aurait vraiment à se poser la question pour nous. Alors OK, on n’est pas face à un astéroïde qui va détruire la Terre, et la majorité d’entre nous ne va surement pas mourir, mais les mois à venir vont être proche de l’apocalypse. Être enfermé chez soi, privé de liberté, voir ces gens masqués dans les supermarchés, les éviter pour minimiser les contacts avec l’autre. Voir la stupidite de l’Homme s’épaissir, mais aussi tout ce qu’il y a de beau chez lui à travers cette solidarite même si elle est éphémère et même si elle partira aussi vite qu’elle s’est créé, comme c’est à chaque fois le cas. Mais apprécions la tant qu’elle est là…

Tout ça est irréel, insupportable. Je regarde mes enfants qui eux sont totalement inconscients de ce qui se passe et c’est très bien. Ils me redonnent de l’espoir car ils sont l’avenir. Et j’ai envie de m’excuser… de leur transmettre un tel environnement de vie. Ils ne méritent pas ça. 

Ce qui est difficile, c’est l’incertitude, et la perte de contrôle. Et puis d’un autre côté que faire d’autre que de lâcher-prise sur une situation qu’on ne peut contrôler ? Combien de temps cela durera ? On ne sait pas.  Alors arrêtons les paris inutiles, et restons juste chez nous en espérant que ça passera vite. Mais on peut se contrôler soi : rester positif, penser à la suite, et faire surtout. Ne pas arrêter de faire.  Penser à la suite, c’est important, il faut tirer les conséquences de tout, ça. Se dire que demain sera une deuxième chance pour faire toutes ces choses qu’on avait mises de côté, sinon tout cela n’aura servi à rien.

Alors en attendant pour garder le contact, on abuse des contacts virtuels. Trop au début, et puis tout ça se rééquilibrera surement. La virtualité est devenue notre quotidien. On s’invente des liens sociaux réels via le virtuel, alors qu’avant on rendait virtuel des liens réels. Je n’ai jamais autant échangé avec certaines personnes que je côtoyais pourtant quotidiennement auparavant sans vraiment les connaitre. On active la vidéo, et soudain on les découvre dans leur environnement, leur intimité. Un nouveau portrait de ce collègue qu’on ne connaissait qu’à travers ses chemises bien repassées s’offre à nous, des nouveaux liens se créent.

C’est incroyable ce phénomène de devoir créer de la distance pour soudain developper l’envie de l’autre. C’est stupide de devoir en arriver là.

C’est sûr, après cela, rien ne sera plus jamais comme avant. Ou peut-être que si, l’homme oublie si vite. Mais quel gâchis ce serait.

2 commentaires Ajoutez les votres
  1. Alex tes mots sont les miens, je me retrouve dans tout ce que tu dis
    Mes filles sont plus grandes elles commencent leur vie d’adulte, une a galéré un an pour trouver son premier job , en CDD jusque fin avril …. je n’ose penser à la suite pour elle si cela se finit là … être à la maison avec ses parents confinée sans job …sans copain
    La deuxième en alternance alterne son job et passe ses cours et ses exams dans sa chambre
    Quelle vie sociale vont elles avoir même si cette génération est déjà connectée
    Et moi me retrouver à la maison avec un mari dont nous sommes séparés depuis 14 ans au quotidien et depuis plus de 2 ans dans nos vies ?
    Le virtuel peut aider à supporter le manque de sociabilité et de contact mais le plus dur c’est le manque de projets
    Bisous ma belle

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